dimanche 20 avril 2008
Trois menaces sur la planéte dont on ne parle pas
La première menace : la pollution plastique dont nous avons déja parlé lors du 7 éme Continent
La deuxième menace : Certaines matières minérales.
Le Sol et le sous-sol de la planète livrent à l'ingéniosité de l'homme ses trésors, parmi lesquels les réserves fossiles. Mais si l'on sait tout ou presque sur les combustibles fossiles, un autre gisement fondateur de la civilisation industrielle est plus rarement évoqué : Celui des matières premières minérales.
Ainsi par exemple, la fabrication de pots catalytiques requiert du platine, du palladium ou du rhodium. La pile à combustible exige elle aussi du platine. Le cobalt est nécéssaire à l'élaboration des moteurs d'avion, des turbines à gaz, des outils de coupe, des pièces d'usure, des disques durs, des piles et des batteries pour les téléphones et les ordinateurs, des implants dentaires, des prothèses articulaires, et de bien d'autres choses encore !!
La liste est impréssionnante et ne cesse de s'allonger. Or, l'approvisionnement en matières minérales n'est pas "un long fleuve tranquille". Tout comme les combustibles, les matières minérales non énergétiques sont des ressources finies. Et elle sont rarement substituables entre elles.
Par ailleurs, elles sont essentiellement localisées en dehors des grands pays industrialisés et en majorités concentrées, pour chacune d'entre elles, dans trois pays seulement ( ex: 100% du niodium et 98% du tantale se trouvent au Méxique, au Canada et en Australie, 97% du rhodium et 96% du platine en Afrique du sud, en Russie et au Canada Etc... ).
Cette situation entraine des risques politiques et économiques majeurs. Les risques politiques se sont déjà concrétisés à plusieurs reprises au cours du XXe siécle. Ainsi, en 1978, la guerre du Shaba, une riche région minière du Zaïre, conduisit à la multiplication par plus de trois du prix du cobalt. Certains pays occidentalisés, dont la France, envoyèrent des troupes à Kolwezi pour préserver les installations minières et limiter le risque de pénurie. Le cours du cobalt s'envola à nouveau lors de la guerre qui déchira le Zaïre au milieu des années 90. En 1979 après la suspension de son exportation par l'Union Soviétique, le prix du titane fut multiplié par 7 ! Dix ans plus tard, à la suite de l'effondrement de l'empire soviétique, les substances minérales qui ne trouvaient plus de débouchés dans l'appareil industriel soviétique désorganisé inondérent les marchés occidentaux. Dans un second temps, les marchés se réorganisèrent, renforçant parfois des monopoles de fait :
c'est le cas du béryllium, localisé au Kazakhstan, dont les mines sont passées aux mains du premier producteur mondial, l'entreprise américaine Brush-Wellman. Enfin les conflits locaux ont repris, mettant régulièrement en danger les filières d'approvisionnement des ressources minérales. D'autre guerre émaillent, de manière récurente, les térritoires africains les plus riches en ressources.
La fin d'une guerre y est parfois, sous couvert de reconstruction pacifique, l'occasion de prédation, comme le prêt de 3,5 Milliards € que la Chine a attribué en septembre 2007 à la république démocratique du Congo (RDC), gros producteur mondial de diamant, d'or, de cuivre, de cobalt et de tantale (l'augmentation du prix de ce métal, suite à l'accroisement du nombre de téléphones portables, serait l'un des facteurs de la guerre civile qui a ravagé la RDC de 1998 à 2002). La RDC étant déjà surendettée, une partie du "prêt" arrive sous forme d'investissements directs, mais l'autre partie est remboursable en titres miniers...
Les risques économiques perturbent également les marchés.
Ainsi le développement en Europe des normes antipollution en vue de la réduction des émisions polluante des automobiles a contraint les constructeurs à généraliser l'emploi de pots catalytiques, Le rhodium entant dans la composition de ces pots, les besoins mondiaux de ce minéral ont été multipliés par près de cinq entre 1985 et 1990, entrainant une forte augmentation des prix. Depuis 2000, c'est le prix du palladium qui s'envole, car il sert de substitut au rhodium pour les pots catalytiques (il entre également dans la fabrication des condensateurs, dont la demande est forte).
De plus la russie, premier producteur mondial, utilise sa position dominante pour faire monter les enchéres et obtenir un maximun de devises au moyen d'arrèts provisoires des livraisons. Le palladium est devenu un métal deux fois et demie plus cher que l'or !!
La finitude des ressources est un problème en soi
Une étude publiée début 2006 par l'université de Yale montre que les ressources en cuivre, en Zinc et en autres métaux ne pourront répondre sans fin au besoins croissants de la population mondiale, même en tenant compte de la possibilité de recycler les métaux utilisés.
Ses auteurs (Thomas Graedel et Robert Gordon) ont calculé que, pour mettre les nouvelles technologies à disposition de l'ensemble des nations, il faudrait utiliser la totalité du minerai de cuivre disponible, plus celle qui est déjà en circulation !
L'équipe de chercheurs a également attiré l'attention sur le fait que l'équivalent de 26% du cuivre et 19% du zinc extractibles sur la planéteest inaccessible, enfoui au fond des décharges !
D'autres estimations sont aussi peu rassurantes.
Pour Armin Reller, chimiste à l'université d'Augsbourg (Allemagne), il ne reterait que dix ans d'approvisionnement en indium, un métal utilisé en grosses quantités pour les écrans plats. René Kleijn, chimiste à l'université de Leiden aux Pays-Bas, estime que les réserves actuelles de gallium (qui avec l'indium, est à la base de la fabrication des cellules photovoltaïques° ne pourront contribuer que pour moins de 1% aux futures cellules, en raison de la pénurie de ce minerai.
En résumé, tout ce qui contribue à notre confort quotidien ( téléphones, ordinateurs, automobiles, avions, etc) est dépendant peu ou prou des matières minérales extraites du sol. Que faire pour éviter une situation de pénurie, source ou conséquence de conflits, mais, dans tout les cas, porteuse de désorganisation Social ?
Au-delà du nécessaire recyclage des déchets, la hausse des prix est une alliée en la matière. En effet, elle peut permettre d'investir là où la ressource n'était pas accessible de manière économiquement rentable. La limite d'accessibilité de certaines ressources pourrait donc être repoussée dans le temps. Mais ces investissements représentent un coût élevé et leur rentabilité ne pourra apparaitre que dans le long terme. Ils sont donc peu attractifs pour les financeurs. Enfin, il faudrait en amont une autre vision du métier d'exploitant minier, afin d'éviter les énormes dégâts humains et environnementaux liés à l'extraction du minerai. Tel n'est pas le cas dans le contexte frénétique de la quête actuelle.
Source :Dominique Viel
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